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Ce que j'ai envie de dire

Ce que j'ai envie de dire
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8 juin 2006

Coup de gueule -> Une émission qu'elle va faire monter l'audience, sinon notre niveau intellectuel

Le Monde (daté 09.06) nous apprend que la société de production Endemol (Arthur and co.) est en train de préparer pour France 2 une émission qui consiste à faire partager à quelques candidats la vie tribale de peuples autochtones d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.

La production assure même cyniquement que toutes les précautions seront prises pour ne pas perturber ces indigènes. Ainsi, le groupe de candidats, qui sera accompagné d’un guide « en général ethnologue de formation » (admirez la circonvolution), sera moins nombreux que la tribu et les candidats seront invités à ne rien apporter qui puisse modifier les conditions de vie des autochtones (question : comment vont-ils faire pour éclairer, filmer, enregistrer ? Mystère).

Cette idée, pour le moins saugrenue, entraîne la protestation d’ethnologues et de documentaristes, ce que l’on peut comprendre.

Elle entraîne aussi des questionnements tout aussi saugrenus que l’idée elle-même : S’agit-il ou pas de télé-réalité ? Le service public doit-il diffuser ce type d’émissions ou faut-il les laisser aux chaînes privées ?

Pourquoi ne pas en rester au plus simple ? Comment peut-on concevoir cette exposition médiatique de peuples que l’on devrait plutôt s’employer à protéger, et qui rappelle les plus glorieuses heures du colonialisme, quand nos arrière-grands-parents exhibaient les sauvages pour le plus grand plaisir (ou l’éducation) des bons Français ?

Et comment peut-on accepter les propos du directeur des programmes de France 2, qui assure que « cette émission est un jeu documentaire d’aventures, qui offre une porte d’entrée gourmande [sic], humaniste, joyeuse, au grand public, pour lui permettre de découvrir des cultures méconnues » ? Ce qui signifie, en français courant, d’une part que les téléspectateurs sont trop cons et/ou trop avachis pour s’intéresser à un tel sujet sans qu’on les appâte avec du croustillant (une scène d’amour dans une mare ? Grégory qui trompe sa femme avec la petite femme du chef de tribu ?), d’autre part que France 2 s’acquitte de ses obligations de service public en faisant du culturel masqué derrière du divertissement.

Gardons un peu d’espoir : peut-être un de ces « guides ethnologues de formation » conduira-t-il son groupe vers une tribu de cannibales.

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28 mai 2006

Il fallait le dire -> Les perles des médias

Je vous propose de partager et d'apprécier comme elle le méritent ces perles recueillies au fil de l'eau dans les médias. On pourrait envisager de distribuer des prix.

- Dans la catégorie "Je m'emmêle le micro"

. Europe 1, 28.05 - journal de 7h30 : "L'équipe de France ne reverra pas le Stade de France avant la coupe du Monde, qui, elle, aura lieu en Allemagne"

- Dans la catégorie "Pourquoi faire simple ?"

. Europe 1, 27.05 - journal de 7h30 (à propos de la mort d'Edouard Michelin) : "[Clermont-Ferrand,] le fief de ses racines"

Cette rubrique grossira, à coup sûr.

27 mai 2006

Décryptage -> Le respect fout le camp : Une illustration

Une illustration du couple individualisme / manque de respect, si caractéristique de la crise sociétale française, que j’évoquais dans ma réflexion : le cas du voyageur aérien.

Comme chacun le sait maintenant, une cabine d’avion est composée de deux zones : l’avant et l’arrière (on ne traitera pas le cas de l’existence d’une troisième partie, supérieure la First).

Ces deux zones sont inégalitaires par nature :

-          l’avant, c’est la Business, autrement dit les passagers qui y sont assis ne sont pas là pour leur plaisir, mais pour le boulot

-          l’arrière, qui porte différents noms, s’appelle généralement les Loisirs, autrement dit ceux qui y ont pris place sont à limite de l’oisiveté.

A l’avant : plus d’espace pour les jambes, des sièges inclinables pouvant faire office de lits, des écrans vidéo individuels avec plein de films, des plateaux repas servis sur une nappe, avec des couverts en argent et des vrais verres, une cuisine plus recherchée (avec menu), des vins à volonté (après l’apéritif, à volonté aussi, et avant les digestifs, à volonté aussi si on le souhaite), un personnel de cabine un peu plus attentionné, souvent la visite du commandant de bord, un embarquement et un débarquement prioritaires (on bosse, nous), etc.

A l’arrière, l’inverse.

Le paradoxe, c’est que ceux qui payent sont à l’arrière, les places en Business étant généralement occupées par des passagers qui voyagent pour le compte d’une société.

gold1

Et ils ont (nous avons, car je fais partie de ces élus) bien d’autres avantages, au premier rang desquels les programmes de fidélisation. Qui nous permettent d’accumuler des miles, convertibles en billets aériens, que nos employeurs se sont généralement résolus à nous laisser sans contrepartie (qui se lève tôt le matin pour aller à l’aéroport ? qui supporte les trous d’air, les décalages horaires ?).

Qui nous donnent aussi droit aux salons privatifs des compagnies, où journaux et boissons sont gratuits et à volonté.

Qui nous ouvrent en permanence des comptoirs spéciaux d’enregistrement, histoire de ne pas perdre de temps avec la piétaille.

Qui nous assurent une certaine bienveillance des personnels au sol (une légère surcharge des bagages ou un bagage hors dimension sur lesquels on ferme les yeux, un positionnement le plus possible à l’avant quand on voyage à titre privé, afin de débarquer plus rapidement, etc.).

On pourrait dans ces conditions s’attendre à ce que ces passagers involontairement privilégiés fassent preuve d’une certaine classe. Pas du tout.

Outre ceux qui sortent du salon passablement éméchés, et qui s’achèvent dans l’avion (l’alcool s’assimile dans le sang beaucoup plus rapidement en vol en raison de la différence de pression), il y a les gros lecteurs (impressionnant le nombre de journaux qu’un passager Business peut prendre sous prétexte que c’est gratuit, qui finissent étalés sur ou sous les sièges à l’arrivée, alors qu’il aurait pu les placer dans les filets).

Pourquoi cette désinvolture, qui bascule souvent dans la muflerie voire la grossièreté. Parce que « moi, je suis en business » ? (cf. Mr Bean).

Un conseil : demandez-vous ce que les personnels des compagnies aériennes pensent de vous. Des ami(e)s hôtesses et stewards me racontent régulièrement des anecdotes et leur ressentiment devant l’attitude de certains, mais aussi leur plaisir à rencontrer des clients sympathiques.

Dire « Bonjour, madame. Bienvenue à bord. » ou « Au revoir, Monsieur. Bonne fin de journée. » fait certes partie des procédures qu’ils sont tenues d’appliquer (sinon le passager « haute contribution » ne manquerait pas de se plaindre), mais cela n’empêche pas de leur adresser un « Bonjour » ou un « Au revoir, et merci ». En général, ils apprécient, comme d’échanger quelques mots en vol.

Ce cas de figure, qui peut paraître secondaire, entendait illustrer cette déconnexion de la réalité dont beaucoup font preuve. Se retrouver –temporairement-- dans une situation d’individualisation qui n’est pas de son fait devrait inciter au respect, pas à une morgue déplacée.

salon_1


Bien que mon statut de "haute contribution" me dispense logiquement de tout respect du droit de copie à l'égard d'Air France, je précise que les deux images dans ce post sont extraites de leur site, donc qu'ils en sont bien entendu les propriétaires.

27 mai 2006

Réflexions -> Le respect fout le camp

Plus je réfléchis à la crise sociétale que connaît actuellement notre pays, plus je me convaincs que cette situation n'est en aucun cas nouvelle, mais qu'elle est dans la continuité parfaite de ce dont on aurait dû se rendre compte depuis une bonne cinquantaine d'années, à savoir une déconnexion de plus en plus grande ("une fracture", dirait quelqu'un qui a été aux premières loges pour observer ce phénomène) entre des blocs de la population.

Parmi ces blocs, qui s'opposent généralement deux à deux, et qui ont d'ailleurs évolué dans leur forme et leur composition au cours des années, les traditionnels "jeunes" vs. "vieux", "Français" vs. "ceux d'origine étrangère", "riches" vs. "pauvres", etc. J'emploie volontairement des qualificatifs abrupts, sortes d'étiquettes qu'utilisent malheureusement nos schémas mentaux, le plus souvent binaires, alors que la réalité est plus complexe (A partir de quel âge passe-t-on de la jeunesse à la vieillesse ? Quelle est la définition de la richesse ? Et celle de la pauvreté ? En remontant un peu dans le temps, Niçois, Bretons, Catalans ne sont-ils pas aussi des Français d'origine étrangère ? etc.).

Deux comportements, naturellement liés, caractérisent pour moi cette mosaïque d'antagonismes : l'individualisme collectif (si j'ose dire) et le manque de respect.

Par "individualisme collectif", j'entends un réflexe de légitimation, et donc de protection, d'un  groupe : si on fait partie dudit groupe, c'est qu'on est différent des autres (de ceux qui ne font pas partie de la bande).

C'est évident pour les "jeunes" (et pour les "vieux"). Mais ça l'est aussi pour d'autres paires de groupes : "ceux qui ont la Gold" vs. "ceux qui ont la Visa normale" ("normale" montre bien que la Gold c'est différent, donc mieux) ; "ceux qui ont la Flying Blue Platinum" vs. "ceux qui ont la Flying Blue Gold" vs. "ceux qui ont la Flying Blue Silver" vs. "ceux qui ont la Flying Blue Ivory" (les pauvres) vs. ceux qui n'ont aucune des trois, que l'on appelle communément dans le milieu aérien les "basse contribution".

L'ambition des "have-nots" est donc de passer dans l'autre groupe, de franchir cette ligne de fracture ; celle des "haves" est naturellement de les en empêcher. L'institution qui a instauré ce critère de différentiation peut aussi créer une nouvelle catégorie, généralement par le haut, pour satisfaire les ambitions de tous, voire les exacerber (on a même le cas plus évolué de la Flying Blue à quatre niveaux, dont le troisième correspond au niveau supérieur de l'ancienne Fréquence +, soit un niveau au dessus et un au dessous de ceux qui, comme moi, se considéraient bêtement comme des privilégiés inattaquables).

Le manque de respect est l'autre caractéristique. J'ai d'ailleurs été frappé que ce soit l'une des paroles qui sont revenues le plus souvent au moment de la crise des banlieues de l'automne dernier : les "djeuns" (groupe égal à l'intersection des groupes "jeunes" et "banlieue") se plaignaient de ne pas être respectés par les "autres" (espace formé d'un grand nombre de groupes, comme les "flics", les "céfrans", "ceux qui bossent", "ceux qui vont à l'école", etc.).

Plus sérieusement, il me paraît dramatique qu'une frange importante de la population, dont le devenir naturel est d'avoir des responsabilités dans la manière dont vivra notre société dans les années à venir, s'estime non respectée. Le problème est qu'elle a raison : elle n'est pas respectée. Et ça, ce n'est pas entièrement de son fait.

Il serait temps de s'interroger sur cette question précise et de se demander ce que l'on peut faire pour empêcher que ce groupe "jeunes de banlieue" ne verse définitivement et irrémédiablement dans la violence, ce qui équivaudrait peut-être pour lui à une autodestruction.

Sans doute commencer par les écouter et, déjà, parler avec eux. Il doit bien y avoir une possibilité sinon de faire coïncider, du moins de rapprocher leurs valeurs et celles que les autres groupes considèrent comme "les nôtres" (ce qu'il faudrait d'ailleurs définir).

Et puis les traiter en personnes responsables et "comme les autres", éviter ce qu'on pourrait appeler "le syndrome du handicapé". Exemple : ouvrir Henri IV à des élèves prometteurs mais vivant dans des milieux défavorisés, c'est très bien ; les regrouper dans une section tempère sérieusement cette bonne idée, la relégant pratiquement au rang d'une simple "bonne action" ; un système d'insertion sur la base de binômes, aurait peut-être été plus "respectueux" pour eux et aurait certainement évité de leur imposer une nouvelle individualisation, forcée cette fois.

Voilà quelques premiers éléments de réflexion, largement à compléter et à développer.

25 mai 2006

Coup de coeur -> Au revoir, M. Piéplu !

Oui, je sais, on n'a pas le droit. Mais c'est juste un clin d'oeil à Claude Piéplu.

Qui n'a pas fait que Les Shadoks...

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"Hibernatus" (Edouard Molinaro)

                                                                                                                            

c_pieplu_amer "La Belle Américaine" (Robert Dhéry)

pieplu_meilleure "La meilleure façon de marcher" (Claude Miller)

palace  Sans oublier "Palace" (génial !)

Au revoir, Monsieur Piéplu !

   ctout   shadok_bye21

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25 mai 2006

Coup de gueule -> Villon Revisited, hélas !

Je viens de lire « Je, François Villon », de Jean Teulé.

Ahurissant ! A la lecture de ces 416 pages (sur ce point là, il est certain qu’on en a pour son argent !), on se demande comment Maître François a pu écrire, lui, d’aussi belles pages.

A partir des quelques épisodes avérés de la vie de Villon, Jean Teulé nous brosse en effet une série de scènes hésitant entre le ridicule et l’invraisemblable (quand elles ne combinent pas les deux), agrémentées –à raison d’un épisode = une ballade— d’oeuvres du poète (en vieux français –l’auteur est sérieux— et en français actuel –l’auteur est aussi bilingue).

Deux séquences, à simple titre d’illustration : le viol par une bande de Coquillards de la copine de François Villon, que celui-ci leur jette carrément en pâture pour pouvoir intégrer cette compagnie, dans le seul but, semble-t-il, d’écrire quelques pièces en langage coquillard (Jean Favier, dans son plus sérieux « François Villon », que Teulé paraît d’ailleurs avoir bien compulsé, met sérieusement en doute cette appartenance) ; le gros orage qui surprend le poète alors qu’il quitte la cour de Charles d’Orléans, après lui avoir au passage piqué quelques vieux bouquins d’une valeur inestimable pour les monnayer, orage vengeur au cours duquel ces pièces uniques sont définitivement perdues (j’allais écrire :« debueez et laveez »).

Evoluant autour de celui qui est donc présenté ici comme un psychopathe notoire, une galerie de personnages, dont la peinture de leur psychologie laisse pantois (la copine sympa, forcément fille d’une bourge, qui finit mal ; le chanoine qui se tord les mains aux égarements de son filleul adoptif ; le chef des Coquillards, rencontré dans une étuve préfigurant les saunas gays ; le charcutier spécialiste de pâtés au contenu assez spécial, qui demande à déguster quelques airelles avant d’être exécuté, pour donner du goût à son corps ; le mauvais garçon qui fait plonger une dernière fois Villon et qui déclame « La Ballade des Pendus » avant de l’être, pendu ; etc.).

Un apport culturel cependant : sur le plan documentaire, Jean Teulé nous livre un très intéressant catalogue des différents modes d’exécution en vogue à l’époque, avec force détails. On sent d’ailleurs qu’il se complait à ces descriptions.

Intrigué, je me suis renseigné sur l’auteur. Outre qu'il est le compagnon à la ville de Miou Miou, il paraît qu’il a travaillé avec Bernard Rapp (« L’Assiette anglaise ») et sur Canal (« NPA ») ! Le moins qu’on puisse dire est qu’on est loin de la subtile finesse du premier et de l’intelligente impertinence des seconds.

" Mais priez Dieu que le veuille absoudre ! "

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« Je, François Villon », Jean Teulé, Julliard (2006)

« François Villon », Jean Favier, Fayard (1982)

« Poésies complètes », François Villon, Librairie générale française (1972), in Le Livre de poche

25 mai 2006

Décryptage -> Un nouveau système d'unités

Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que, depuis quelques années, une nouvelle unité d'aire est communément utilisée : le "terrain de foot".

Pour mémoire, 1 terrain de foot = 7 140 m², si on adopte les dimensions recommandées par les instances internationales (un rectangle de 105 m sur 68 m), les dimensions pouvant varier entre 90 et 120 m pour la longueur et 45 et 90 m pour la largeur, longueur et largeur devant être différentes (autrement dit, on n'a pas le droit de jouer au foot sur un terrain carré de 90 m de côté).

Malheureusement, on a pu constater que cette unité n'était utilisée que pour des nombres supérieurs à 1 (on parle ainsi d'un hangar "grand comme trois terrains de foot" mais jamais d'une chambre "grande comme deux millièmes de terrain de foot").

Je propose donc de combler cette lacune en adoptant ces quelques sous-multiples du "terrain de foot" :

- le "parquet de basket", qui vaut 58,8 x 10-3 "terrain de foot" (420 de nos anciens m²)

- le "court de tennis en simple", qui représente 27,4 x 10-3 "terrain de foot" (195,627 m²)

- le "tapis de bridge", égal à 78,8 x 10-6 "terrain de foot" (0,563 m²)

- la "piste de 421", équivalente à 47,9 x 10-6 "terrain de foot" (0,342 m²).

Pour obtenir un système complet d'unités, il ne reste qu'à définir les trois autres unités de base :

- l'unité de masse : communément appelée "poids d'un ballon de foot", définie comme la "masse maximale d'un ballon de foot en début de match" (450 g)

- l'unité de temps : la "durée d'une mi-temps au foot" (45 mn)

- l'unité d'intensité de courant électrique, que je propose de définir comme "l'intensité du courant électrique qui traverse les neurones d'un commentateur sportif pendant un match" (pour cette dernière, la difficulté résidera bien entendu dans les possibilités d'observer le phénomène).

24 mai 2006

Coup de coeur -> Le site de l'INA

L'INA a ouvert ses archives en ligne depuis quelques semaines.

Un régal pour nous, les baby-boomers...

Tiens, aujourd'hui sur la page d'accueil, il y a un extrait d'une émission de 1966 avec Michel Polnareff (donc période blond-sans-lunettes-style-Françoise-Sagan)

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L'ami Michel qui sera à Bercy en mars prochain

L'extrait sur le site de l'INA, c'est "L'oiseau de nuit" (Michel Polnareff, Frank Gérald - 1966), une chanson que j'avais oubliée mais que l'on se remémore tout de suite...

Vous apprécierez le mouvement du bras très Pete Townshend !

24 mai 2006

Décryptage -> Mai 1968 - Remember!

dany68Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que la presse célébre actuellement, comme chaque année -approximativement depuis 1969, l'anniversaire des "événements de mai 1968".

Comme vous, je me suis rendu compte que, cette année, cette commémoration était encore plus prégnante. J'ai bien sûr pensé aux événements de l'automne 2005 dans les banlieues et à la crise du CPE de ce printemps, qui pouvaient expliquer cet engouement.

Mais, après réflexion, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il n'en était rien : si nous fêtons actuellement "mai 1968" avec autant de ferveur, c'est tout simplement parce que cette année est la première où nous pouvons à la fois célébrer le 38ème anniversaire de mai 1968 et le premier anniversaire du 37ème anniversaire de ce même événement (lequel, en plus, est tombé l'année dernière, c'est dire).

Etonnant, non ?, comme aurait dit Pierre Desproges. Mais je vous laisse vérifier mes calculs.

24 mai 2006

Coup de gueule -> Le Monde (24.05)


Le Monde (daté du 24 mai) nous délivre en page 13 ce que je considère comme un modèle de malhonnêteté journalistique.

Sous le titre « L’article sur le compte japonais de M. Chirac est introuvable », le correspondant du quotidien à Tokyo réussit à dire sans jamais l’écrire que cette information était fausse.

On y apprend que Le Monde a effectué des vérifications dans la collection du journal qui avait, selon les affirmations du général Rondot, révélé cette information, collection archivée dans une bibliothèque japonaise, et que ces vérifications n’ont rien donné.

Et c’est dans une citation d’un responsable dudit journal japonais que le correspondant du Monde met sa conclusion : si l’on ne peut pas trouver cet article, « c’est que très probablement il n’existe pas ». Ce qui permet de se préserver une porte de sortie, au cas où ce fameux article serait retrouvé.

Si Le Monde a fait correctement son travail de journaliste en cherchant à recouper son information, pourquoi ne va-t-il pas jusqu'au bout en prenant position ?

Et pourquoi éprouve-t-il le besoin de balancer son article par un autre, approximativement de même longueur, intitulé « M. Osada, ami du chef de l’Etat et banquier sulfureux » ? Pour se justifier en suggérant qu’il y aurait, quand même, quelque chose ?

L’attitude des journalistes sera d’ailleurs un des thèmes sur lesquels je ne manquerai pas de revenir.

Je considère en effet que beaucoup d’entre eux dépassent leur mission, qui est, dans l’ordre, de rapporter une information factuelle, puis de donner des éléments de compréhension, puis, éventuellement, de commenter le tout, en différenciant clairement ces trois étapes. 

Je considère également que la plupart des médias privilégient le sensationnel (le plus facile étant de flatter la curiosité malsaine ou la morbidité du public) dans leur présentation de l’information, quelle qu’elle soit. 

Clearstream est une affaire complexe certes, mais la traiter comme un mauvais polar de gare est-il le meilleur moyen de la rendre intelligible ?

Est-il nécessaire de mettre l’accent sur le fait que les responsables de l’équipe de France de football ont annoncé qu’ils ne communiqueront pas sur l’état de santé des joueurs, décision nécessairement jugée comme scandaleuse et contraire à la liberté de la presse ? 

Enfin, pourquoi être journaliste, c’est-à-dire a priori avoir simplement suivi les cours d’une école spécialisée et posséder une carte de presse, rendrait-il une personne omnisciente, infaillible et intouchable ? 

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